• Si Hadj Ali le forgeron

            Dans mon fameux quartier "Schettet El gharbi", je me rappelle, au bout de la rue Masson,  notre rue, ma rue qui porte toujours un nom français. Qui est - il, ce Masson ? Aucune idée d'ailleurs je m'en balance du moment que je la porte dans mon coeur et que je la raconte à mon fils. Donc au coin de cette fameuse rue, il y avait l'atelier du forgeron Si Hadj Ali que tout le monde aimait et respectait. Un homme fier de ce qu'il était et de ce qu'il faisait. Il faisait son travail avec beaucoup d'amour. Personnellement, j'ai appris en le regardant faire, que le travail est un honneur. Trapu, la cinquantaine passée, c'était l'homme qui a toujours travaillé et depuis son enfance. Une barbe grise, une voix claire, il marchait droit. Dans sa boutique assez exigüe, dans laquelle, un tas de fer était déposé pèle - mêle. Il gardait toujours les outils dont il se servait tout le temps à portée de la main. La forge était au beau milieu de l'atelier qui ressemble plus à un débarras qu'à autre chose. De temps en temps, quand il n'avait pas beaucoup de travail, il prenait la peine de préparer un thé dont l'odeur forte de la menthe  nous chatouillait les narines. 

                 Nous, les gamins du quartier, quand nous n'allions pas à l'école ou la Mahdra, nous prenions un plaisir fou à venir assister aux "opérations " de Hadj Ali. Il ferrait tout le temps un cheval ou un mulet. C'était tout un art. Le propriétaire de l'animal se mettait d'accord avec le maréchal - ferrant. La bête est conduite à l'autre bout de la rue. Hadj Ali, lui mettait une sorte de clé qui lui tenait fermement la lèvre inférieure. En somme, il s'agissait d'un bout de bâton auquel était attaché un morceau de corde. Ceci jouait le rôle d'une anesthésie, nous disait, Hadj Ali. Puis, majestueusement, il prenait la patte de l'animal et il se mettait au travail. Nous apprécions beaucoup ce qu'il faisait. Nous étions absorbés, rien ne nous échappait de la dite "opération". Nous sentions, dans ses gestes prompts, simples, adroits tout l'amour du métier. Nous avions l'impression que la patte de l'animal et même l'animal tout en entier ne faisait qu'un avec l'artisan à l'œuvre. Une fois le travail terminé, tel un artiste, prenait du recul pour voir son ouvrage. Il s'essuyait le front. Et il revenait dans son atelier pour se préparer un thé.

              Allah yarhamek ya Hadj Ali.

                 

       

    « Ma ville anonymeTop secret »

    Tags Tags : , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :