• La Mahdra

             La Mahdra, école coranique, de Si Hadj Mabrouk Allah yarhmou, était au premier étage, juste à coté de l’écurie Si Laala. C'était une assez grande salle rectangulaire, très rudimentaire. Le plafond était constitué de troncs d'arbres, principalement des palmiers. Les murs peints à la chaux blanche.  Le parterre était couvert de deux grandes ahsirates, genre de tapis en halfa. Au fond, de la salle , un tableau accroché au mur. Le taleb, Si Al Mabrouk, était assis, juché plutôt, sur une caisse qui a servi à l'emballage du thé vert. On lisait encore, sur un coté, un peu effacé " thé vert de Chine". Une assez grande ouverture faisait fonction de fenetre.Nous étions plus d'une centaine de garçons, serrés, emmitouflés dans nos cachabias, en train d'apprendre ce que nous avons écrit hier sur nos lawouhettes. Les lawouhattes, singulier,lawouha ou louha , c'est des planches assez lisses de forme généralement rectangulaire, aussi grandes qu'une ardoise, sur lesquelles nous écrivions les versets du Coran que le Taleb nous dictait ou parfois nous les recopions du Mashaf, le livre saint. Pour écrire,nous utilisions une encre faite à base de laine à moitié brulée (loudah) à laquelle nous ajoutions de l'eau ( le smak) et en guise de plume, un morceau de roseau taillé à cet effet (un gouloum ou gloum) chacun de nous avait sa petite douwaia ( encrier) de smakh et son gloum. Une fois les versets écris sur la louha appris, nous allions les réciter au Taleb qui va nous donner l'autorisation d'effacer la louha pour continuer la Sourate. Pour effacer la louha, nous utilisions une sorte d'argile jaune ou blanche imbibée d'eau et nous laissions la louha séchait au soleil.

              Les Mahdras, ( lagraiat ) ont joué un rôle des plus importants. En effet, elles ont participé et participent encore à préparer les jeunes à affronter la vie. Elles leur ont aussi appris des valeurs sures : l'amour de la patrie, la solidarité, la communication, la sociabilité.. Mais surtout, elles ont joué un rôle important  dans l'ancrage de l'identité algérienne et de la préservation les jeunes de toute  acculturation pendant l'époque où l'Algérie était colonialisée. Pour terminer ce billet des plus modestes, je peux dire que l’école coranique a formé des citoyens, parfois l'élite, capables d'assumer les plus hautes responsabilités.

            La graya ou mahdra de Si Mabrouk nous a bien façonnés. Personnellement, elle m'a tellement marquée que chaque fois que je fais un tour au Schettet, je fais une pause pour me recueillir et me rappeler Ma Mahdra et aussi de rendre hommage à ce notable et grand homme qu'était Taleb Si Al Mabrouk.

    « Cinéma lahbé hbiLa ruée vers le Nebeg ( le jujube) »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    Vendredi 13 Mars 2015 à 14:15

    Allah yarham hadj Mabrouk , un homme de grande culture qui a participé à la formation de milliers de jeunes qui lui doivent leur reconnaissance . Merci Taha de lui avoir livré cet hommage qu'il mérite amplement

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    2
    H'med B.
    Vendredi 13 Mars 2015 à 17:21

    Bravo et merci de nous rappeler au souvenir de notre cher Taleb rahimahou Allah!

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :