•      Said est un retraité de la santé de la ville de Laghouat. Il a passé plus de la moitié de sa vie à soigner les gens dans un hôpital public. Il a marié tous ses enfants. Il avait  mis de coté une petite somme qui devait lui servir à faire le pèlerinage. Et comme il s'ennuyait de ne rien faire, lui qui a derrière lui une vie pleine, il  reprit le travail dans une clinique privée. Il s'occupait de la rééducation de plusieurs personnes parmi lesquelles il y avait un jeune garçon qui faisait beaucoup d'efforts et qui commençait à marcher un peu. Ce jeune garçon venait avec sa mère et Said faisait du bon boulot. Ils étaient complices. Une fois, à la fin de la séance, la vieille mère du jeune garçon  dit à said:

    - Qu' Allah te garde, Said, mais pour nous ( elle et son fils) c'est la dernière séance.

     Said a voulu savoir pourquoi mais la mère et son fils étaient déjà partis.

    Alors, il a pensé que le service rendu par la clinique n'était pas satisfaisant.

    Pendant ce temps des amis ont procuré un passeport spécial pèlerinage à notre fameux Said. C'était le plus beau cadeau pour lui car son souhait le plus cher était d'aller aux lieux saints avant de mourir. Il était décidé à y aller.

      Mais ce que lui avait dit la mère du garçon le faisait réfléchir alors il est allé à l'administration pour s'informer, alors il a su la vérité assez difficile à digérer: la mère voulait dire qu'elle n'avait plus les moyens pour payer les séances de rééducation à son fils.

      Ce jour là Said est rentré chez lui plus tard que d'habitude. Il n'était pas bien du tout. La nouvelle qu'il venait d'apprendre lui faisait mal, très mal. Il pensait beaucoup. Il se demandait s'il n' y avait pas de solution et le sort du jeune garçon pesait très lourd sur ses épaules. Il se sentait un peu responsable. En tout cas, il était impliqué jusqu'à la moelle. 

       Une fois chez lui, il était assez taciturne et sa femme sentait que quelque chose ne tournait pas rond. Il avait passé la soirée dans sa chambre. Seul, silencieux. Il réfléchissait. Il avait très mal dormi. Il cherchait une solution mais en vain. Le matin, sa femme, au courant de ce à quoi il pensait, lui  proposa d'aller voir le directeur peut être qu'il trouverait quelque chose. Mais le directeur lui  répondit qu'il ne pouvait rien faire , que lui même n'était qu'un employé et qu'en réalité il ne pouvait pas faire du social car il dirigeait un établissement qui doit être rentable.

        Il était rentré chez lui  fourbu, abattu, et surtout incapable d'aider ce garçon. Il avait passé une nuit blanche et le matin, il était décidé à utiliser les grands moyens. Il  prit à la hâte un café et se  dirigea vers la clinique. Une fois arrivé, il alla à l'administration paya avec l'argent qui devait lui servir au pèlerinage six mois de soins au jeune garçon et pria le comptable de garder le secret. Il se sentait soulagé. Il respirait mieux. Il était heureux d'avoir accompli un devoir, d'avoir accompli quelque chose de vraiment bien, il a rendu l'espoir à une personne qui l'avait perdu. 

         Il rentra chez lui, fit ses ablutions et se mit à prier  Allah.

        Quelques jours plus tard, le directeur l'appela. 

         En route, Said pensait qu'il devait y avoir un pépin mais son supérieur ne l'avait jamais appelé en urgence. «Ai - je commis une erreur ou peut etre une faute sans le savoir?»  pensait - il. Le chemin vers la clinique est devenue subitement long très long. Said s'impatientait.

        Une fois arrivé, tout se passa rapidement. Il était debout dans le bureau du directeur qui mettait un temps fou à parler et Said était accroché à ses lèvres. Il ne respirait plus. Il allait s'étouffait, lui un homme compétent et intègre qui n'avait jamais manqué à son devoir jamais. Enfin, le directeur l'invita à s'asseoir. 

         - Said, j'ai besoin de toi, le propriétaire de la clinique m'a téléphoné ce matin.

       Ça doit être grave. J'espère que ce n'est pas à cause de moi, pensa Said.

        Le directeur enleva ses lunettes, regarda son interlocuteur dans les yeux, il était décidé à parler. Il mit quelques secondes avant de dire :

          - Le propriétaire de la clinique va aller cette année en pèlerinage et comme il est malade, il a besoin d'un assistant médical, son infirmier habituel est parti en retraite alors j'ai pensé à toi. Qu'en penses tu?

          Ces paroles étouffaient Said. Il ne savait plus parler. Son cœur battait très fort. Il lui a fallu quelques bonnes minutes pour reprendre ses esprits et comprendre la situation.

       - Said, tu es l'homme de la situation. Tu veux peut être avoir  du temps pour réfléchir? 

         Sur ces paroles le directeur quitta son bureau pour laisser Said tout seul. Dix minutes après , le directeur revint et dit à Said qu' il s'agit là d'une chance pour lui de faire le pèlerinage et que tout sera payé bien sur en plus , il sera lui même payé alors Said sortit de son silence:

       - Non, non pas question que je sois payé, le pèlerinage me suffit.

       Tout fut arrangé et ils ont accompli le pèlerinage. 

       De retour, le propriétaire de l'hôpital,  sur la proposition de Said, a créé une caisse de solidarité pour les nécessiteux dans laquelle sera versé 5 % du revenu de la clinique.

         Said remerciait Allah car il a réussi trois bonnes actions. D'abord, il a accompli l'un des piliers de l'Islam. Puis, il a aidé un malade dans les lieux saints . Enfin et surtout , il a réussi quelque chose de vraiment extraordinaire, il a été la cause direct de la création de la dite caisse de solidarité.


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  •          Mardi c'est le jour du marché spécialement des bestiaux à Laghouat. Comme l'Aid Aldha ( fête du sacrifice) n'est pas loin, je suis allé jeter un coup d'œil pour voir surtout les prix. J'ai remarqué qu'il n'y avait presque pas de krouf ( jeune mouton mâle) ni de kabech ( bélier) dans le souk alors j'ai demandé à certains vendeurs quelle en était la raison. A l'unanimité, on m'a répondu qu'on les gardait pour l'Aid pour les revendre bien sur, au triple de leur prix réel, voire plus. Une réponse assez pertinente et surtout très significative m'a été donnée par un vieil homme « ils les gardent pour nous faire saigner et se remplir les poches mais mon fils, ils ne gagneront rien du tout car bien mal acquis ne profite jamais.» Mais "ils" c'est qui? Les éleveurs? les revendeurs? Alors sans hésiter, ce vieil homme m'a répondu qu'il ne s'agissait point des éleveurs, eux, les pauvres, ils n'ont que les emmerdements. Il s'agissait bien des revendeurs dont certains ont fait le plein de moutons. Ils ont ramassé tous les kroufs et les akbachs en attendant de les revendre bientôt pour l'Aid. Ce sont ces sangsues qui sont les premiers responsables de la flambée des prix des moutons à l'approche de la fête. Ce sont ceux là qui dépècent les gens  et qui font que le meskine ( pauvre) à défaut d'acheter un mouton à ses enfants et faire la fête, il doit se contenter de le dessiner.

     


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