•          Ah ! Si le Schettet ... je descendrais la rue Roche, plus connue sous azzgag Alkalahki, Hadja Halima m’accueillerait les bras ouverts, je verrais dans sa asguifa le dalou suspendu au plafond, je me désaltérerais de son eau fraiche. J'irai du coté de la rue Masson, où je retrouverais ashab azgagna, les copains du quartier. Je reverrais hadj Ali le forgeron et du spectacle des chevaux et des mulets qu'ils ferraient.

          Ah ! Si le galeb parlait... je poursuivrais par azgag Belharoui, je m’enivrerais des couleurs et des odeurs des jardins et des vergers. Je tendrais le bras pour cueillir une figue. Je mettrais mes pieds dans la séguia. je caresserais les murs en terre. 

        Ah ! Si Hajret Sabarni, le rocher de la patience existait encore... je m'en irais m'asseoir dessus. je me lèverais pour voir la splendeur de la palmeraie. Je descendrais à Rahbet Douidi, place où je verrais nos parents jouaient à la felja. Je verrais la fontaine,je verrais la boutique du Maalam qui réparait les (rares) objets en or. Je mangerais avec plaisir un beignet de Bentissa, je boirais du achnine; le petit lait de Amssilet.

          Mes rêves se heurtent à la réalité et retombent à mes pieds.


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  •       Je me souviens quand j'étais enfant, nous habitions au Schettet El Gharbi. Schettet est un quartier sud de Laghouat qui a donné du fil à retordre à la colonisation et à ses sbires. Donc, nous logions dans une vieille maison assez grande pour abriter plusieurs familles. Il était rare qu'une maison de ce quartier soit habitée par une seule famille. Cette maison se trouvait dans la rue Masson. Mon père Si Yahia rabi yarhmou, travaillait dur pour nous apporter le pain quotidien. C'était très difficile de trouver du travail à plein temps. Mon père était ce qu'on appelait un journalier. Et quand il travaillait plusieurs jours de suite, on disait qu'il avait de la chance. Lui aussi bien que ma mère et toutes les familles vivaient de peu et étaient satisfaits de ce "peu". Il y avait une générosité et une entre aide impossible à imaginer. Tous les propriétaires de jardins partageaient leur petite récolte avec les voisins. Ces "agriculteurs" faisaient pousser très peu de légumes; en été, la tomate, le piment, le poivron, beaucoup d'aubergines et le potiron quelque fois des melons et des pastèques. En hiver, la carotte, le navet et les oignons. C'était à peu prêt tout.

          Laghouat en général et le Schettet en particulier, que je connais bien et où j'ai passé mon enfance et une bonne partie de ma jeunesse, est connu pour son hospitalité légendaire ce qui est le cas pratiquement pour tout le sud algérien. Dans chaque maison existait une petite ouverture dans le mur de la cuisine qui donnait sur la cuisine des voisins. A travers cette sorte de petite fenêtre, les femmes pouvaient ainsi faire gouter tout ce qu'elles préparaient à leur voisine.

         Surtout en été, dans la Sguiffa, l'entrée de la maison, il y avait une guerba suspendue à un trépied ou un dallou accroché au plafond , tous deux remplis d'eau fraiche. La porte devrait rester ouverte. Elle était calée à l'aide d'une grosse pierre. Pendant l'été, Laghouat est connue pour  ses chaleurs alors ma mère me répétait toujours de laisser la porte ouverte pour que les passants, étrangers surtout, pouvaient se désaltérer.


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  •       A 16 heures, je suis monté dans mon camion à coté de moi mon fils.

    - Ça sent le msakar lui dis je.

    - C'est parce qu'il (le camion) est resté trop longtemps au soleil.

    - Tu sais ce que c'est que le msakar?

    - Oui, bien sur, c'est le renfermé.

    - (rire) ! Oui c'est vrai mais moi je pensai à autre chose.

    - A quoi ?

    - Au msakar que ta grand mère hadja Aicha préparait. c'est de la viande d'ovins salée et séchée à laquelle on ajoute de la graisse de mouton. Cette graisse c'est celle qui entoure le rein de l'animal parfois de la crépine fine. On y ajoute du felfel saifi, piment rouge séché et du ras al hanout, un mélange d'épices très utilisé dans la cuisine magrébine. Le tout est bien écrasé et mis sur le feu. Puis on met la viande dans une marmite et la graisse fondue dans une autre et on les laisse dans la houjra, une pièce de la maison utilisée pour le dépôt des provisions de blé, de dattes, de dahane, de msakar, de fèves, de tomates séchées ... Une fois refroidi, elles sont prêtes à l'utilisation et chaque fois que ta grand mère préparait un plat, elle prenait une cuillère de la graisse et un ou deux morceaux de viandes qu'elle mettait dans la marmite. Voilà.

     - Et Çà se mange ?

    - On l'utilisait comme un genre de condiment ancestral. Il existe aussi dans d'autres régions mais sans la graisse, en Kabylie par exemple. La graisse ainsi préparée remplaçait l'huile et permettait d'éviter pas mal de problèmes de santé aux gens. N'est ce pas mon cher médecin?

    - Suis pas encore médecin. Je préfère toujours les bonnes frites croustillantes, les hamburgers, les pizzas ohh les pizzas..

    - Rien ne vaut le mardoude, ksra badwa et le couscous ohhh le couscous...

    - Hééé papa regarde un fast-food. 

        


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  •       Mon ami, mon collègue, mon guide, mon inspecteur et maintenant c'est mon voisin. Si hadj Bachir Babagayou a été toute sa vie un enseignant. Il a enseigné au primaire puis au moyen. Il était mon collègue à l'école des cadets avec hadj Bougrine rabi yahmou. J'ai appris énormément de choses en côtoyant ces deux hommes. Mais revenons à Si Al Bachir, c'est un inspecteur de langue française puis chef du service du personnel à l'académie avant de prendre sa retraite.

         C'est un pédagogue et un maitre de la langue française. Il est surtout un grammairien de grande qualité. Oh combien de fois, nous, jeunes enseignants, nous l'avons consulté pour des questions de grammaire et de conjugaison. 

           Chaque matin, en allant vers le lycée Sadek Talbi, je passais par lui. C'était mon chemin, je le saluais, je le consultais, si j'avais un peu de temps je discutais avec lui. Maintenant, il est malade. Il est à moitié paralysé. Que tous ceux qui l'ont connu prient pour lui. 


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