•          Dans la région de Laghouat, les nomades qui habitent dans les environs, généralement sous des kheimas, tentes en poils de chameaux ou de chèvres, ont une technique pour dépecer un mouton ou une chèvre. Ce savoir faire transmis de pères en fils, consiste à garder la peau de l'animal intact, sans aucun trou, pour pouvoir en faire une guerba, une outre pour l'eau, une choukwa, une outre pour le chnine, petit lait, un dalou, outre ouverte par le haut et suspendue pour garder l'eau, un mezoued, une dabia ou encore une ouka.  Beaucoup de citadins utilisent aussi cette technique mais elle est délaissée parce qu'on n'a plus besoin de la peau sauf peut être pour faire une sejada, petit tapis pour la prière ou pour s'asseoir et encore.

             La Guerba : à partir de la peau d'une chèvre, on fabrique une guerba. La peau doit être fermée avec une ouverture par le cou. Elle est tannée à la d'baga ,écorce de chêne qu'on réduit en poudre. Elle est imprégnée de gatrane, huile de cade. Elle est suspendue, généralement dans la sguifa, entrée, à l'aide d'une hamara, trépied. Elle garde toujours l'eau fraiche. La guerba est écologique, naturelle, propre et aseptisée grâce au gatrane noire qui donne un gout des plus agréables à l'eau. Hélas! Elle a tendance à se faire remplacer par le réfrigérateur.

            Le dalou : un autre ustensile pour garder l'eau fraiche, il est travaillé comme la guerba sauf que le dalou a une forme circulaire bombée par le bas à cause de l'eau et ouvert par le haut. Il est suspendu au plafond de la s'guifa.

             La choukwa : c'est une outre pour baratter le lait caillé de manière à obtenir du chnine, petit lait. En somme, il s'agit d'une baratte naturelle. Elle est tannée comme la guerba sauf qu'on y met pas de guatrane. Elle est aussi suspendue à une hamara, trépied et la femme la fait bouger pendant un certain temps pour obtenir du beurre et du chnine.

            Le mézoued : on l'utilisait, au passé, plus maintenant, pour y mettre de la semoule.

            La dabia : un autre usage de la peau, dans lequel on mettait la pâte ou ce qu'il en reste. 

            La oukka : c'est la peau d'un agneau ou d'un chevreau qu'on utilisait pour mettre du roub, une sorte de confiture de dattes écrasées, le gharse, et le beurre de mouton fondu.

          C'est trois derniers ustensiles ne sont pratiquement plus en usage.

          Pour terminer cette liste qui loin d’être exhaustive, je propose encore  deux objets de choix : la guénouna et le guedah.

             La guénouna est très connue dans la région. C'est un récipient fabriqué par du halfa, plante herbacée en touffe qui pousse dans la région de Laghouat et dans les hauts plateaux. Elle est aussi imprégnée de gatrane. Elle est utilisée pour s'abreuver d'eau sans perdre de sa fraicheur ni surtout de son gout unique.

             Le gueddah : c'est aussi un récipient de halfa parfois d'argile, utilisé pour traire les brebis et les chèvres. Il a complétement disparu.

            La plupart de ces objets traditionnels ont disparu ou ne sont pas loin de l’être. La guenouna est encore utilisée chez certains mais pour combien de temps encore?


    votre commentaire
  •          Le texte que vais publier ici a été écrit par mon ami et camarade de classe Lazhari Labter, écrivain, poète et journaliste de Laghouat , de renommée internationale. Ce récit m'a  plu bien sur, mais il m'a fait revivre des moments de mon enfance que l'auteur décrit si bien que je m’identifie à lui.

        « Je me souviens que par jeu et aussi poussé par le besoin de manger de la viande, un luxe pour les pauvres à l’époque, nous pratiquions la chasse aux moineaux, aux tourterelles, aux étourneaux. Nous utilisions pour cela aussi des pièges que la tire boulettes.

        Tapi sous un arbre, j’attendais que l’oiseau, attiré par la nourriture, une datte ou un petit morceau de pain, s’approche du piège. Cela pouvait durer des heures sans qu’aucun volatile ne daigne faire honneur à la nourriture. Parfois, l’oiseau se posait, tournait autour du piège mais, comme s’il doutait de quelque chose, ne touchait pas à l’appât. Dans ces moments d’intense émotion, le cœur battant, à voix, nous répétions inlassablement cette formule magique : « Zid Khtaouia yarham taioua, Zid Khtaouia yarham taioua » qu’on pourrait traduire par : « Encore un petit pas, bénie soit Taouia » Qui était Taouai ? C’était le dernier de nos soucis, tout ce qui nous intéressait c’était que l’oiseau soit pris.

           J’étais particulièrement adroit à la tire boulettes. Avec la tire boulettes à petite élastique, j’étais capable de faire voler une pièces de monnaie tenue entre le pouce et l’index par un compagnon de jeu qui se tenait debout à dix mètres, le dos tourné pour éviter le visage en cas de mal visé. Je manquais rarement ma cible. Cet exploit répété me valait l’admiration de tout le quartier. J’en étais très fier.

              Un jour que j’avais réussi à attraper un moineau vivant, je voulus le passer par le fil du couteau avant de le braiser car il n’était pas question de manger un animal dont le sang n’avait pas coulé. C’était Haram, interdit par notre religion. Je me munis d’un couteau et, dans un coin du jardin, je sacrifiais au rituel. Quand je posai le moineau,à ma grande surprise, le moineau s’envola et alla se poser sur un arbre, hors de ma portée. J’en fus très chagriné, non de l’avoir perdu mais de l’avoir ainsi blessé et causé des souffrances inutiles. Pendant des semaines, l’image de ce pauvre oiseau, blessé me tourmenta. J’en étais malade.

        Je finis par l’oublier mais après cet incident, je décidais de ne plus m’adonner à la chasse. Je trouvais un plus grand bonheur dans le spectacle des oiseaux jouant et pépiant dans les arbres ou faisant la fête dans le ciel.»

                          Lazhari Labter in « Retour à Laghouat mille ans après Beni Hilel »

    Source : http://www.sidielhadjaissa.com/article-27182923.html


    votre commentaire
  •           En 1959, j'avais sept ans, j'habitais avec ma famille au Schettet El Gharbi, l'un des plus vieux et des plus populaires quartiers du sud de Laghouat. Je jouais au ballon des matchs de football des plus chauds, parfois au volley ball, en réalité, ça n'avait rien avoir avec ce sport. Je me rappelle quelque chose d'assez particulière, quand nous jouions aux billes, des soldats français, du haut de la muraille, sur la petite colline, tiraient sur les billes . Nous prenions la fuite de peur d’être atteint. Heureusement personne, à ma connaissance, n'a été blessé. Cette muraille de pierres construite sur la colline qui surplombait le quartier sud de la ville était une énigme pour nous, les gosses. Nous nous demandions ce qu'il y avait derrière elle. Cette vieille muraille gardait bien ses secrets.

            Un jour, un ami de mon age, Abdallah, m'a confié qu'il était monté jusqu'au pied de la muraille et qu'il avait même fait la connaissance d'un militaire qui se nommait Jean. Je lui avais dit qu'il me racontait des salades et que toute personne qui s'aventurait sur la colline risquait gros . Il m'avait dit  qu'il était près à y aller en ma compagnie si j'avais du courage. J'avais peur de je ne sais quoi. Mais la curiosité l'emporta sur la peur . L'aventure commença. Il marchait devant moi, je le suivais la peur au ventre. J'avais très peur mais il n'était pas question de rebrousser chemin. Je ne voulais pas être la risée de tous mes copains. Je grimpais, j’étais essoufflé, je suais, j'entendais mon cœur qui battait à se rompre. J’espérais que Abdallah rebroussait chemin mais en vain. Une fois au pied de la muraille, mon copain, mit les deux mains en forme de haut parleur et cria " Jean ! Jean !" Rien, personne, m'avait - il menti? Tous ces efforts pour rien? Il recommença. J'avais moins peur mais je voulais toujours descendre. Puis un roumi ,un français, en civil apparu sur le haut de la dite muraille.  Il ( le roumi) a  donné  à Abdallah un morceau de pain, un fromage et une bouteille de gazzouze, boisson gazeuse.

             Une fois chez nous , j'étais heureux car j'étais encore en vie après cette aventure. Abdallah cachait jalousement son butin. Comme il ne pouvait pas cacher la bouteille, il a essayé de mentir à sa grand mère. J'ai sauté sur l’occasion, un peu pour me venger, et j'ai tout déballé. Puis j'ai reculé pour éviter la gifle de ma mère, mon copain l'a bien reçue, lui. Alors Al Mazia, la grand mère nous avait dit que ce n'était pas du gazzouze mais du vin, c'est hram, interdit par la religion. Voyant son petit fils pleurait, elle a cédé et a décidé d'aller consulter si Hadj Mohamed rabi yadhmou, un épicier du quartier. Une référence quoi. Al Mazia suivit par toute une horde, est allée au "moufti". Hadj Mohamed, mis ses lunettes, ausculta la bouteille sur toutes les faces, la fit tourner et retourner. A cet instant, le téléphone sonna. C'était, à ma connaissance , le seul téléphone du quartier. Un moment après, il est revenu, pris la bouteille, on était suspendu à ses lèvres, et son verdict tomba " c'est du gazzouze ahlal, ce n'était pas péché de le boire." Il ajouta, pour donner de l'ampleur à ce qu'il avait dit " faut pas en boire beaucoup, ça fait mal au ventre". Comme si nous allions en boire beaucoup, plus d'une vingtaine de personnes que nous étions.


    votre commentaire

  • 1 commentaire
  •       Des hommes comme si Belkacem qui mènent le combat en silence méritent tous les honneurs et tout le respect.Eux, ils ont fait don de leur vie à cette ville et à l'Algérie et nous qu'est ce que nous avons fait pour notre pays??


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires